ANI - La Foire internationale Rachid Karami de Tripoli (RKIF) a inauguré une nouvelle ère de sa renaissance culturelle avec un événement d’une grande portée symbolique: le concert orchestral « Angham wa Kasaed » (أنغام وقصائد), présenté par Dr Hiba Al-Kawas, compositrice et Présidente du Conservatoire national supérieur de musique du Liban, avec Jahida Wehbe, et l’Orchestre national libanais de musique orientale et le Chœur oriental du Conservatoire national supérieur de musique du Liban sous la direction du maestro André El-Hajj.
L’événement s’est déroulé en présence de S.E. l'Ambassadrice Sahar Baassiri Salam, de Hala Obeid, représentant la Première Dame Nehmat Aoun, de députés, d’anciens ministres, des membres du Conseil d’administration de la Foire internationale Rachid Karami, et de représentants officiels et des institutions culturelles et des médias. La maîtresse de cérémonie de la soirée était la poétesse et journaliste Majida Dagher.
Ce concert a marqué l’ouverture d’un nouveau chapitre pour la foire – joyau du patrimoine moderne libanais et chef-d’œuvre architectural signé Oscar Niemeyer. Après des décennies de négligence le lieu reprend son souffle porté par la vision et la détermination de son tout nouveau conseil d’administration.
Un symbole du patrimoine moderne en éveil
Sur plus de 750 000 m², la Foire internationale Rachid Karami conçue dans les années 1960 sous le patronage du président Fouad Chehab, a été pensée comme un manifeste d’ouverture et d’innovation. Ses formes modernistes et ses structures monumentales incarnaient l’ambition du Liban de se positionner comme un pont culturel et économique entre l’Orient et l’Occident.
Mais la guerre civile a coupé les ailes d’un projet amené à devenir un emblème national. Longtemps laissée à l’abandon, la Foire a finalement été inscrite en janvier 2023 sur la Liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO ce qui est venu ancrer sa valeur universelle tout en lançant un appel urgent à sa préservation.
Aujourd’hui, le renouveau de ce lieu emblématique est devenu réalité. Le concert « Angham wa Kasaed » a marqué le retour de l’art, de la musique et de la vie publique au cœur de ce site exceptionnel.
Dans ce contexte, Hani El Chaarani, directeur du Conseil d’administration de la Foire internationale Rachid Karami, a déclaré : « Raviver la Foire internationale Rachid Karami n’est pas seulement un projet urbain ; c’est un levier essentiel pour le renouveau économique et culturel du Nord du Liban, appelé à devenir un centre d’investissement, de tourisme et de créativité. »
Au cours de la soirée, Joumana Chahal Timéry, responsable de la programmation au sein du Conseil d’administration de la Foire et présidente de l’association Patrimoine Tripoli-Liban, a souligné : « Notre rassemblement ce soir a une portée symbolique toute particulière. La musique est une langue qui n’a pas besoin de traduction : elle exprime l’unité humaine dans toute sa diversité. Et lorsque les mélodies emplissent cet espace, elles nous rappellent que Tripoli, malgré les épreuves, demeure vivante — créative, accueillante, rayonnante et pleine d’espoir. »
Dr. Hiba Al-Kawas a quant à elle souligné : « Le lancement de la nouvelle saison de l'Orchestre national libanais de musique orientale depuis Tripoli n'est pas seulement un événement artistique — c'est une déclaration de solidarité avec une ville qui mérite d'être entendue. C’est là que commence la mission du Conservatoire national supérieur de musique du Liban : une prise de position culturelle contre le désespoir, où la mélodie devient une force capable de façonner à la fois la nation et l’individu. Depuis Tripoli, nous ne lançons pas simplement une saison — nous ravivons le battement du cœur de la nation, résonnant d’un sentiment renouvelé d’identité. »
Un dialogue entre musique et poésie
Le programme du concert a réuni les œuvres et les interprétations de Jahida Wehbe, saluée pour ses compositions originales et la richesse de son art vocal, ainsi que des œuvres de grands artistes libanais et arabes.
Sous la direction du maestro André El-Hajj, l’Orchestre national libanais de musique orientale et le Chœur oriental du Conservatoire national se sont unis pour célébrer la richesse du patrimoine musical arabe dans une interprétation orchestrale d’une grande finesse.
Une vision tournée vers l’avenir
Nommé par le décret n°36 du 8 août 2025, le nouveau Conseil d’administration de la Foire a tracé une feuille de route ambitieuse pour transformer le site en une plateforme culturelle vivante. Grâce à des partenariats nationaux et internationaux, la Foire accueillera bientôt un calendrier foisonnant d’événements artistiques, économiques et environnementaux, destinés à replacer Tripoli sur la carte culturelle mondiale.
Ce premier concert orchestral n’a pas seulement valeur symbolique: il témoigne d’un engagement concret, d’une volonté de continuité et d’un espoir renouvelé que la Foire redevienne un lieu de rencontre, de créativité et de dialogue.
En rouvrant cet espace, « Angham wa Kasaed » a rappelé que Tripoli n’est pas seulement une ville d’histoire, mais aussi — et surtout — une cité de création, d’échanges et de floraison culturelle.